Le carême grec – Tradition, Convivialité et Partage Autour de l’Église

Une autre semaine s’est écoulée, et nous voici réunis pour notre rendez-vous dominical à 11h00. Comment allez-vous aujourd’hui ? Votre semaine s’est-elle bien passée ?

Nous allons parler du Carême grec, car c’est le plus grand Carême orthodoxe en Grèce à ce moment-là. La Pâque orthodoxe est le dimanche 5 mai 2024, et tous les réseaux sociaux regorgent de recettes et d’astuces pour bien tenir et bien manger pendant le Carême.

Mais qu’est-ce que c’est vraiment le Carême ? Le Carême se nomme en grec « sarakasti » ou « nistia ». La Grande Quarantaine ou Sarakosti, signifie « Grandes 40 Jours ». C’est la période de jeûne la plus importante dans le calendrier ecclésiastique des Chrétiens orthodoxes. C’est le jeûne le plus ancien de l’Église orthodoxe, instauré au 4e siècle. Initialement, il durait six semaines, puis une septième semaine a été ajoutée. Ainsi, aujourd’hui, bien que nous parlions de la Sarakosti, nous comptons 48 jours de jeûne.

Ceux qui observent le jeûne, de la Lundi Purification jusqu’au Grand Samedi, sont généralement des personnes religieuses et il y a aussi ceux qui considèrent que c’est une bonne opportunité pour faire une détox et éviter la viande et les produits d’origine animale, sans être limités par les strictes règles religieuses.

La tradition stipule que pendant le jeûne, en général, la viande, le poisson, les produits laitiers, l’huile et le vin sont interdits. Cependant, l’huile et le vin sont autorisés les samedis et dimanches, sauf le Grand Samedi, qui est le seul samedi de l’année où l’huile et le vin sont interdits. Le 25 mars et le Dimanche des Rameaux, nous mangeons du poisson. Nous en avons déjà parlé dans le précédent post sur le coutume du dimanche des Rameaux, n’hésitez pas à le relire.

Selon la tradition chrétienne orthodoxe, la Grande Sarakosti, la période de jeûne avant Pâques, commence le Lundi Purification et dure jusqu’à la Résurrection. Pourquoi est-elle appelée ainsi ? En raison de sa durée, pour la distinguer de la simple Sarakosti – le jeûne de Noël – car elle dure une semaine de plus, soit 40+7= 47 jours.

En général, on peut dire que le Carême est une façon de détoxiquer notre corps en respectant les coutumes, et encore une fois, c’est normal car tout le monde fait attention et évite la viande. Par exemple, les restaurants, même les chaînes de restauration rapide, proposent pendant cette période des plats sans viande, comme les calamars, etc.

Les plats s’appellent « Les plats du Carême » ou « Τα νηστισιμα σαρακοστιανά φαγητά ». Les plats du Carême ont leurs origines dans la Grèce antique. Ils étaient servis après la fin des festivités débridées en l’honneur du dieu Dionysos.

Il suivait une période marquée par la modération pour des raisons de purification. Jusqu’aux prochaines fêtes de Dionysos, il était nécessaire de purifier le citoyen antique. Ainsi, avec les plats du Carême et d’autres, on se débarrassait de la satire, de l’excès et des railleries. Les “plats de jeûne” de l’Antiquité correspondent à nos plats de Carême. Pensez aux fruits de mer, ou même aux escargots avec du boulgour, de l’orge ou des fruits secs.

Ce que nous mangeons alors :

• Fruits de mer mais pas de poisson : Les protéines dont nous avons besoin pendant le Grand Carême proviennent uniquement des fruits de mer, tandis que tout produit carné est interdit. Pendant le jeûne, nous ne mangeons rien qui contient du sang, les poissons en ont mais pas les fruits de mer.
• Le lait et les œufs ne sont pas non plus autorisés pendant le jeûne. En général, tous les produits laitiers sont interdits.
• Légumineuses, fruits et légumes : Les catégories d’aliments que nous pouvons consommer en abondance pendant le jeûne, à condition de ne pas les combiner avec des protéines animales ou des produits laitiers et du fromage.
• La sucrerie classique honorée pendant la période de jeûne est le halva. D’un côté, nous avons le halva à base de tahini.

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Maintenant, vous allez me dire que tout cela est bien, que nous ne croyons en personne et que nous ne voulons pas qu’on nous dise quoi manger, mais en Grèce, c’est tout à fait normal et c’est un morceau du quotidien. Nous ne faisons pas le Carême par obligation, mais parce que c’est normal et que, en général, « pour moi », cela faisait plaisir aux grands-mères et aux mamans. Ça fait plaisir, faire plaisir, n’est-ce pas ? Oui, je me souviens bien que ma grand-mère donnait le rythme à la maison. Et si maman ne pouvait pas nous accompagner à l’église, hop hop hop, à pied, et nous partions à l’église. Avec le recul, je réalise que c’était même un exercice physique car il fallait faire 800 mètres à pied pour aller à l’église, et comme elle commençait très tôt le matin, la fraîcheur du petit matin était idéale pour commencer la journée. L’église est aussi avant tout un lieu de rencontres, de partage humain, car c’est le moment où tu vas croiser ta voisine et les enfants de l’autre voisine qui n’habitent plus là, et c’est le moment idéal pour boire un petit café après la messe avec un petit koulouraki.

L’église a toujours soutenu le peuple et organise toujours des fêtes et de grands repas pour accueillir les personnes qui le souhaitent. On ne peut pas imaginer une inauguration, une rentrée scolaire ou le début de l’année sans que le prêtre vienne bénir le lieu et la maison. C’est un vrai cercle qui tourne et qui humanise les liens entre tous. Juste pour finir ce petit mot autour de l’église, je vous pose une question : qui est l’église ? Vous avez certainement compris. C’est NOUS ! C’est grâce à leur participation, aux bénévoles, aux solidarités, à leurs gourmandises partagées et aussi à leurs invitations pour que les autres passent un moment agréable. Vous voyez également et tout de suite que l’église est liée au régime crétois, donc à un mode de vie dont je parle dans mon livre « Le régime crétois ». Je ne suis pas une experte en ce qui concerne l’église, mais je vous partage comme toujours mes souvenirs et mes pensées.

J’ai toujours adoré être dans une église. Je m’y sens bien, sereine. Je ne comprends presque rien de ce que le prêtre dit car ils utilisent encore « Η γλώσσα της Εκκλησίας » (la terminologie ecclésiastique) qui conserve généralement le sens le plus ancien des mots. Pour comprendre au mieux, il faut aller dans une école de catéchisme. Moi, je n’avais jamais le temps car j’étais hyperactive avec les scouts et mes cours de 3 langues étrangères, mais j’étais toujours présente pendant les activités des églises en tant que scout. Le scoutisme a changé ma vie et a contribué à façonner la personne que je suis. J’ai hâte de vous en parler un jour. À l’église, c’est le moment de penser, de réfléchir, de se poser des questions à soi-même, et cela reste vraiment un moment pour moi. Le parfum de la myrrhe est bien associé à mes souvenirs, à l’amour familial, à la protection, à se sentir bien au chaud, parfois dès le début car il faut toujours laisser la place assise aux aînés. C’est comme une sorte de séance de sophrologie où il faut laisser passer le temps sans rien faire, très difficile parfois lorsque l’on est habitué à vivre à 100 à l’heure. Rappelez-vous le moment où vous avez dit que vous n’aviez rien à faire ? Hihihi.

Revenons à notre Carême. Pour moi, enfant, le Carême était un jeu. Ma grand-mère et ma mère savaient comment nous faire plaisir avec des choses délicieuses, parfois plus que d’autres fois, hihihi, avec des gâteaux au semoule, le halva que nous dévorions, et les petits plats bien délicieux. Comme enfant, en général, on ne faisait pas un Carême complet, mais plutôt la dernière semaine avant Pâques.

C’était aussi le moment où nous savions qu’à la fin, nous aurions droit à de nouveaux vêtements et à un cadeau. Les parrains et les marraines offrent toujours un cadeau à leurs filleuls, que ce soit des jeux, des vêtements, et bien sûr une lambada, soit une bougie décorée. Au fil du temps, la lambada devenait de plus en plus riche en cadeaux, avec des rubans bien colorés, parfois même un cadeau accroché.

Je n’ai pas vraiment de souvenirs spécifiques qui entourent ces moments-là, car mon petit cerveau a décidé de garder le parfum et les lumières de l’église, avec cette petite odeur de café qui était servie à la fin de la messe dans la grande salle. Oui, cette odeur de café qui sentait si bon, et nous, les enfants, n’avions pas le droit d’y toucher. La cannelle qui se mélangeait aux biscuits faits maison par les dames pour accompagner le café. Encore un miracle de mon cerveau de garder à sa mémoire tout ce qui touche à la gourmandise, hihihi.

Ma conclusion et la raison pour laquelle je vous parle de tout cela est que j’aimerais que vous compreniez comment les coutumes et les traditions religieuses ont un impact sur la vie de tous les jours et sur le régime crétois. Les traditions et la culture sont liées à notre quotidien ; elles font aussi partie de l’identité grecque si forte et d’une culture extraordinaire. On ne peut pas envisager un régime crétois sans le relier au temps et aux traditions des carêmes.

N’hésitez pas à lire l’article complet sur Pâques Les coutumes et traditions de la célébration de Pâques orthodoxe en Grèce : focus sur les traditions pascales grecques  et à télécharger également le livre blanc directement via le blog.

Je vous remercie encore une fois de prendre le temps de lire et de partager ce petit moment tous ensemble. Je vous donne rendez-vous pour le dimanche prochain à 11h00.

Kali Kiriaki – Bon dimanche,

Maria – Votre Crétoise